Parmi les nombreux symboles des anciens Celtes, le triskel (triskelion, triskell, triskèle). Cette figure à trois branches porte un nom émanant du grec qui signifie littéralement « à trois pattes / trois jambes ». Un symbole viking qui, à lui seul, rassemble des valeurs nobles liées à la compétition et au progrès. Quelle est donc la signification du mystérieux triskel ?
Le triskel, un symbole antérieur à l’époque celte
Cher aux Bretons et aux inconditionnels de la tradition celte en Europe, le triskel fut particulièrement prisé par les cultures celtiques.
Il faut néanmoins savoir que son apparition est antérieure à l’époque celtique, le triskel se retrouvant sur des inscriptions datant de l’âge du bronze nordique.
Il est également présent sur des gravures de l’époque mégalithique irlandaise.
La présence de ce symbole sur le site de Newgrange en Irlande, par exemple, permet d’affirmer qu’il est apparu plusieurs milliers d’années avant l’époque celte.
Sur ce site, on observe des gravures représentant trois spirales entrelacées qui marquent l’origine graphique du symbole.
A Newgrange notamment, on trouve deux triskels. Le premier se trouve à l’extérieur du complexe mégalithique et l’autre est à l’intérieur.
Au moment du solstice d’hiver, un phénomène astronomique étonnant se produit : le premier rayon du soleil pénètre au fond du complexe, illuminant ainsi le triskel gravé au bout du couloir couvert.
La quasi-totalité des cultures païennes d’Europe ont utilisé le triskel dans l’Antiquité, comme symbole sacré.
L’étymologie du mot « triskel » fait référence à trois jambes ; elle a d’ailleurs été reprise comme telle sur certains emblèmes, dont celui de l’île de Man.
Cette représentation est également devenue l’emblème de la Sicile.
Le triskel est à la fois un symbole solaire est un symbole chtonien. Les forces dites « chtoniennes » (ou telluriques) sont celles qui se réfèrent à la terre, au monde souterrain et aux Enfers, par opposition aux divinités célestes.
Ces forces sont en relation avec certains aspects de la fertilité et de la fécondité, ainsi qu’avec ceux du chaos primitif.
L’aspect solaire du triskel, quant à lui, est relatif aux forces ouraniennes. Il s’agit des forces célestes qui viennent d’en haut, les puissances cosmiques qui assurent l’ordre divin des choses.
Ainsi, le triskel établit un lien entre les forces de la terre et les forces célestes et cosmiques.
Les variantes du triskel et le chiffre 3
Il existe un certain nombre de variantes de triskels. Le point commun entre ces variantes tient à deux images principales :
- Une roue qui tourne dans un sens ou dans l’autre, du fait qu’il n’existe pas de sens de rotation de triskel particulier, comme cela est le cas pour le svastika par exemple.
- L’image symbolique du chiffre trois, largement utilisée dans les rites à caractère magique des anciennes civilisations païennes.
Le chiffre 3, pour les païens de l’époque, permettait de donner vie à un souhait ou à une invocation rituelle.
Le principe sur lequel ceci repose est le suivant : 1 + 1 = 3.
Ceci signifie que, de l’union du principe masculin et du principe féminin naît la vie, la descendance.
En d’autres termes, l’union d’éléments complémentaires génère une nouvelle vie. Ce même principe trinitaire est largement répandu dans la littérature : thèse, antithèse, synthèse.
Dans ce contexte proposé à titre d’exemple, la synthèse naît de l’union entre la thèse et de son opposé (l’antithèse).
En résumé, le chiffre 3 permet d’activer un concept ou un souhait.
La forme circulaire du triskel est liée à un principe de vie et à la notion des cycles naturels : vie, mort, renaissance.
Un principe cyclique qui veut que tout naît, meurt puis renaît. Dans toutes les traditions païennes, la vision de la vie et du destin est cyclique et non linéaire, comme chez les monothéistes.
La signification du triskel, et principalement son aspect trinitaire, fut prépondérante dans les panthéons polythéistes, plus particulièrement chez les indo-européens.
Les travaux de Georges Dumézil, historien des religions et anthropologue français, confirment que la société divine et humaine des indo-européens repose sur la tri fonctionnalité.
Le chiffre 3 représente les trois principaux dieux des panthéons indo-européens.
Dans la tradition gauloise, par exemple, cette trinité est représentée par Teutatès, Taranis et Esus.
Chez les vikings, cette triade correspond aux dieux Odin, Thor et Freyr.
Chez les Romains, la Trinité est composée de Jupiter, Mars et Quirinus. La division indo-européenne reflète la division de la société humaine et divine en trois classes différentes et complémentaires.
On trouve les fonctions de souveraineté, de noblesse guerrière et de production et reproduction.
Le triskel, un signe chtonien
Le triskel est également un signe chtonien. Il est donc l’expression de la grande déesse, la Terre mère, dans ses trois phases vitales : la jeunesse, l’âge mûr et la vieillesse.
La triple déesse couvre ainsi l’aspect symbolique lié au principe cyclique de vie, mort et renaissance.
En outre, le triskel laisse apparaître les trois phases du cycle lunaire : la lune croissante, la pleine lune et la lune décroissante.
Le triskel relie les hommes à une symbolique de la fécondité et de la fertilité.
Ceci se retrouve notamment dans les spirales qui le composent. Le triskel, de par sa relation avec le chiffre 3, symbolise le temps qui s’écoule : passé, présent et avenir.
Dans les traditions païennes du monde gréco-romain et germano-nordique, le devenir et le destin des hommes sont sous la coupelle de trois déesses représentant les trois phases du temps.
Trois déesses qui tissent ensemble la destinée des hommes et des dieux.
Le triskel possède également une dimension liée à l’axe vertical de l’être humain, celui qui transcende le monde spirituel de tous les êtres vivants.
La notion trinitaire liée au triskel fait appel à un ensemble : corps, parole, esprit.
Ceci correspond aux trois états vitaux de l’Homme, dont les énergies circulent le long de l’arbre cosmique, matérialisé chez l’être humain par sa colonne vertébrale.
Triskel et découvertes archéologiques à travers l’Europe
Aujourd’hui, il n’est pas rare de voir le triskel interprété comme l’assemblage de trois éléments fondamentaux : l’eau, la terre et le feu.
L’air, quant à lui, serait représenté par le point central du symbole.
Cette interprétation moderne, même si elle n’est pas fondée pour certains historiens, est somme toute, logique.
En effet, elle correspond relativement bien au symbolisme général du triskel.
À l’époque celte, les peuples étaient répandus sur un large territoire allant de l’Anatolie à l’Irlande.
On trouve ainsi de nombreux vestiges portant les traces de cette période, notamment le symbole du triskel, à travers de nombreux pays.
La Grande-Bretagne, pendant longtemps, fut principalement une terre celtique. À travers le pays, les découvertes archéologiques ont fait apparaître de nombreux objets portant le triskel, avec des représentations riches et variées.